The author, whose roles have included researcher in education, expert advisor and Minister of Education, analyses the relationship between arguments from research work, their mediation by experts and political decisions made by policy makers. Two strands of analysis are followed: that of (de-)legitimisation and that of mediation of the knowledge and arguments used as evidence in political decision-making. Thus, in the specific case of the implementation of the inclusive education reform in the Czech Republic, the difference between potential cognitive modifiability (among other things) and true educability has been suggested as the root of the conflict between researchers, educational stakeholders and politicians. The silence of researchers during the implementation phase of the reform has been replaced by the voices of experts amplified by public opinion via social media. The article concludes that we cannot explain the relationship by the "knowledge-driven" model. The dynamic of this relationship involves more parties and relies on the capacity to check that the knowledge evolves with the changing phases of its life.
Les rapports entre les arguments de la recherche, leur médiation par les experts et la décision politique sont analysés à partir du cas de la mise en pratique de l’éducation inclusive en République tchèque. L’auteur – successivement chercheur en sciences de l’éducation, expert-conseiller et ministre de l’Éducation durant cette période – suit deux lignes d’analyse, celle de la (dé)légitimation et celle de la médiation des connaissances-arguments par les différentes figures d’experts. Le silence des chercheurs et l’absence de leurs arguments dans la phase de mise en place de l’éducation inclusive sont frappants. Ainsi, aux questions de l’éducabilité, de ses pré-requis et de ses conditions sont substituées les discussions autour des statistiques robustes concernant les élèves intégrés (ou ségrégués), les classements des pays selon le degré d’inclusion de leur école, les enquêtes d’opinion ou les expériences de cas particuliers. L’analyse montre que l’abandon de la tâche de médiation et de légitimation par les chercheurs a libéré la place aux médiateurs dont l’expertise n’est que lacunaire ou portée par des intérêts particuliers. Ces médiateurs ne se trouvent pas nécessairement directement auprès des responsables politiques, mais ils peuvent avoir un impact sur la décision politique via l’opinion publique qui amplifie leur voix.