Une hypothèse courante consiste à dire que les difficultés d'adaptation des enfants de minorités culturelles seraient liées à une trop grande rupture entre les modalités d'apprentissage du milieu familial et celles de l'école. En fait l'observation montre que le jeune enfant Kanak apprend très vite « le métier d'élève » et sait parfaitement « sauver les apparences ». L'application d'une méthode ethnographique conduit alors à abandonner la notion de difficulté, empreinte d'évolutionnisme, pour adopter celle de stratégie. D'où une nouvelle hypothèse globale : la culture Kanak adapte l'école européenne plus qu'elle ne s'y adapte ; et plus particulière : l'apprentissage du métier d'élève n'a qu'une très relative autonomie et est englobé dans un processus d'apprentissage beaucoup plus vaste, celui du métier de Kanak « tout court ». L'article tente de valider en partie cette hypothèse en l'illustrant d'un exemple. Il montre comment, face à un même exercice de français (transformation adjectivale), deux élèves adoptent deux stratégies de faire, correspondant à deux acceptions Kanak de l'acte d'écrire.