In this lecture, delivered during a study day devoted to the Educational Sciences, which took place in January 1982 in Sèvres, the author takes position, particularly with regard to research work, in favor of the plural of the syntagma “Educational Sciences”. She affirms her attachment to the specific way in which each scientific discipline constructs its objects, its questions, its approaches and its theoretical framework, and her mistrust with regard to conceptual borrowings from one discipline to another, which risk creating illusions for the researchers themselves by plugging a gap in knowledge and preventing questioning, thus having little chance of advancing thought. This does not imply the rejection of all interdisciplinary work, provided that syncretism is avoided, nor does it imply that it is not useful and profitable for training in Educational Sciences to allow students and teachers to be able to clarify educational realities and practices through their familiarity with several bodies of knowledge. But this reflection questions the idea according to which the Educational Sciences could be, in the scientific and epistemological sense of this term, a unique and integrated discipline.
Dans cette intervention faite lors d’une journée d’études consacrée aux Sciences de l’éducation, qui a eu lieu en janvier 1982 à Sèvres, l’auteure prend position, concernant plus particulièrement le travail de recherche, pour le pluriel du syntagme « Sciences de l’éducation ». Elle affirme son attachement à la manière spécifique dont chaque discipline scientifique construit ses objets, ses questionnements, ses démarches et son cadre théorique, et sa méfiance à l’égard d’emprunts conceptuels d’une discipline à l’autre qui risquent de faire illusion pour les chercheurs eux-mêmes en venant boucher un trou de la connaissance et empêcher qu’un questionnement soit mené à terme, en ayant donc peu de chance de faire progresser la pensée. Cela n’implique pas le refus de tout travail inter-disciplinaire, pourvu qu’il se garde du syncrétisme ; ni qu’il ne soit pas utile et profitable que les formations de Sciences de l’éducation permettent aux étudiants et enseignants de pouvoir éclairer les réalités et les pratiques éducatives par leur familiarité avec plusieurs corps de connaissance. Mais cette réflexion met en cause l’idée selon laquelle les Sciences de l’éducation pourraient être, au sens scientifique et épistémologique de ce terme, une discipline unique et intégrée.