Lors d’un colloque consacré en 1983 à un bilan de la sociologie de l’éducation, l’auteure a centré son propos sur les rapports entre les sciences sociales de l’éducation et le ministère en charge de l’Éducation nationale. Elle rappelle que les premiers travaux de l’INED mettant en relation les parcours et performances scolaires et une série de caractéristiques sociales des élèves se fondent sur une enquête menée sous le gouvernement de Vichy en 1944, mais préfigurée par les travaux d’une commission créée à l’initiative d’Henri Sellier, ministre de la Santé du Front populaire, et présidée par Henri Wallon. Si ce type de travaux est, depuis les années 1970, repris par les services statistiques du Ministère, les travaux visant à aborder et étudier plus globalement les phénomènes éducatifs, en relation avec d’autres phénomènes sociaux, ont le plus souvent été encouragés et financés, non par ce Ministère, mais par des instances ou organismes « extérieurs » tels que la DGRST ou le CNRS. Interrogeant les équilibres, les pratiques et les idéologies propres aux différents états et segments du système éducatif, ainsi que les rapports entre structure scolaire et structure sociale, ces recherches sont souvent regardées avec réticence tant par les responsables des différents échelons hiérarchiques du Ministère que par les enseignants et leurs responsables syndicaux ou associatifs.
During a conference in 1983 devoted to a review of the sociology of education, the author focused on the relationship between the social sciences of education and the Ministry in charge of Education. She recalls that the INED’s initial work connecting educational paths and performance to a series of students’ social characteristics was based on a survey carried out under the Vichy government in 1944, but prefigured by the work of a commission created at the initiative of Henri Sellier, Minister of Health of the Front populaire, and chaired by the psychologist Henri Wallon. While this type of work has been taken over by the Ministry’s statistical services since the 1970s, research aimed at addressing and studying educational phenomena more generally, in relation to other social phenomena, has most often been encouraged and funded, not by this Ministry, but by “external” bodies or organizations such as the DGRST or the CNRS. Questioning the balances, practices and ideologies specific to the different states and segments of the education system, as well as the relationships between school structure and social structure, this research is often viewed with reluctance both by those responsible for the different hierarchical levels of the Ministry and by teachers and their union or association leaders.