« Renseignements généraux » y violencia urbana. El interés de los « Renseignements généraux » (RG), servicios secretos de la policía francesa, por las expresiones de « violencia urbana », que se manifiesta durante el decisivo periodo de la década de 1990 a través de la creación de una sección especializada, « Villes et banlieues » (« Ciudades y suburbios »), no cae por su peso. En efecto, los RG, que encarnan una policía tradicionalmente orientada hacia los asuntos de índole política, hasta esa época no atribuían ninguna importancia a la « pequeña y mediana delincuencia ». Ahora bien, las acostumbradas relaciones que los RG mantenían con el poder político se fueron degradando, a tal punto que se contempló su disolución. La transformación que redundó en que los RG comenzaran a ocuparse de los problemas vinculados a la « violencia urbana » se inscribe en una lógica de reconversión : lo que esta en juego es la existencia misma del servicio. En esa coyuntura de crisis, los RG recurren a sus conocimientos burocráticos corrientes para poner en circulación nuevas categorías de percepción de fenómenos heterogéneos, agrupados bajo la etiqueta «violencia urbana». Esta expresión encuentra gran resonancia debido a las preocupaciones del gobierno y de numerosas autoridades municipales. Evidentemente, los RG no son los únicos autores de este logrado proceso de atribución de etiquetas. El éxito de sus análisis también se debe al trabajo de divulgación efectuado por un cierto numero de periodistas, « expertos », políticos e incluso profesores universitarios que se apoderan del concepto cuando participan del debate público. No obstante, las transformaciones inherentes a un espacio del campo burocrático, con sus lógicas internas, su complejidad, su temporalidad y los intereses en juego que les son propios tienen mucho peso en la configuración de un problema de Estado que afecta a todos, hasta el punto de generar numerosas « políticas públicas » y medidas tendientes a « aportar respuestas ».
The « Renseignements Généraux » and urban violence. The interest taken by the Renseignements Généraux, or RG (the French intelligence service) in « urban violence » in the early 1990s, as shown by the creation of a special section on « Cities and suburbs », was not a foregone conclusion : the RG was the embodiment of a police force traditionally concerned with political matters which had until then never given particular importance to « petty delinquency ». However at that time routine relations between the RG and political power had deteriorated to the point where dissolution of the service was envisaged. Retraining of the RG in « urban violence » was part of a conversion logic upon which the very existence of the service depended. In this critical conjuncture, they mobilized ordinary bureaucratic know-how to create new categories for the perception of various phenomena collectively labeled « urban violence », which resonated with the concerns of both the government and numerous local officials. The RG is obviously not the sole author of this successful labeling process : the positive outcome of their analyses is owed also to the investigative and disclosing efforts of a number of journalists, «experts», politicians and even academics who took up these labels in the public debate. But the changes characteristic of a space in the bureaucratic field, with their own logics, their complexity, time frame and stakes impinge on the formulation of a State problem which becomes so evident to all that it gives rise to numerous « public policies » and the means to carry them out.
Renseignements généraux et violences urbaines. L'intérêt des Renseignements généraux (RG) pour les « violences urbaines », qui se manifeste au tournant des années 1990 par la création d'une section spécialisée, « Villes et banlieues », n'allait pas de soi : les RG incarnent, en effet, une police traditionnellement tournée vers les questions politiques et n'accordaient jusque-là aucune importance à « la petite et moyenne délinquance ». Or, les relations routinières que les RG entretenaient avec le pouvoir politique se sont alors dégradées au point que leur dissolution est envisagée. La conversion des RG aux « violences urbaines » s'inscrit dans une logique de reconversion dont l'enjeu est l'existence même du service. Dans cette conjoncture de crise, ils mobilisent des savoir-faire bureaucratiques ordinaires pour mettre en circulation de nouvelles catégories de perception de phénomènes hétérogènes rassemblés sous le label de « violences urbaines qui entre en résonance avec les préoccupations du gouvernement et de nombreux élus locaux. Les RG ne sont évidemment pas les seuls auteurs de ce processus de labellisation réussi : le succès de leurs analyses doit également au travail de divulgation et de vulgarisation d'un certain nombre de journalistes, d'« experts », d'hommes politiques voire d'universitaires qui s'en saisissent dans le débat public. Mais les transformations propres à un espace du champ bureaucratique, avec leurs logiques, leur complexité, leur temporalité et leurs enjeux propres pèsent sur la mise en forme d'un problème d'État qui s'impose à tous, au point de donner naissance à de nombreuses « politiques publiques » et dispositifs pour y « répondre ».