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Michèle Gellereau propose dans cet article une réflexion fondée sur l'étude concrète qu'elle a menée de la façon dont divers sites du Nord-Pas-de-Calais mobilisent les témoignages humains dans le souci de faire revivre deux épisodes essentiels de l'histoire régionale, la vie des mines et les champs de bataille de la Première Guerre. C'est l'occasion pour elle de démontrer avec une extrême précision que le témoignage doit être retravaillé, réinterprété, remis en scène pour faire sens. Le témoignage apparaît bien comme un moyen d'accès à une expérience humaine singulière, mais les enjeux auxquels il est soumis, les cadres narratifs dans lesquels il est introduit, les scénographies de la parole qu'il autorise et les diverses médiations dont il fait l'objet le soumettent à une métamorphose constante, qui est aussi une interrogation sur le sens actuel d'une relation à un passé respecté mais mis à distance.
