Sémir Badir
Partant d'un corpus de graphiques de sons (spectrogramme, panneau de commande de Real Player), Sémir Badir montre que le graphique est à tort qualifié de « représentation » d'une information. Ni traduction, ni conversion, le graphique est un analyseur de l'objet. Il le présente. Il le « fait voir ». Rend-il visuel un son ? Plutôt l'image d'un son. Car le graphique présente une image graphique. Cette capacité de l'image à se présenter elle-même, en manifestant sa « visualité », l'auteur la nomme « modalité épivi- suelle ». En même temps que le graphique analyse un phénomène, il donne sa propre condition d'usage, la visibilité. Avec le recours à la sensorialité, ici prééminente sur le jugement, Sémir Badir propose une voie susceptible de renouveler la sémiologie du sensible, en critiquant radicalement la notion de représentation, et en organisant celle de polysémioticité.