Longtemps, l'information a été considérée par les trois grands réseaux (networks) américains de télévision, ABC, CBS et NBC, bien qu'il s'agisse d'entreprises privées, comme un service public. Aucune considération financière n'entravait la collecte de l'information, son traitement et sa diffusion. Les choses ont considérablement évolué au fil du temps. Aujourd'hui, l'information télévisée est soumise à la même contrainte que les autres types de programmes (téléfilms, séries, variétés ou sports) : elle doit générer du profit, en attirant une audience de masse qui à son tour attire les annonceurs publicitaires, et gérer les ressources mises à sa disposition avec un souci d'efficacité économique. Afin de réduire les coûts de l'information, les sujets de proximité sont préférés aux sujets étrangers. Des bureaux sont fermés, dans le monde mais aussi sur le territoire national. Les éditorialistes spécialisés disparaissent. Les journalistes couvrent indifféremment tous les sujets et tous les terrains. En outre, des magazines d'information tendent à remplacer en prime time les téléfilms et les séries. Ils sont moins onéreux à produire et restent des programmes rentables, surtout s'ils sont remplis avec des sujets de proximité, lorsque l'audience se réduit en raison de la dispersion des téléspectateurs sollicités par une offre pléthorique. L'enquête approfondie de Marc Gunther - que nous publions avec l'autorisation de Nieman Report, la revue du département de journalisme de Harvard - ne renvoit- elle pas implicitement à l'évolution de l'information à la télévision en France ? Les faits divers n'y sont-ils pas devenus plus nombreux que les sujets de fond? Le même journaliste ne court-il pas du mur de Berlin à la guerre du Golfe, des voyages du pape à travers le monde à la pacification du Kosovo, puis sur les côtes bretonnes pour rendre compte de la marée noire et dans le Gard pour suivre l'évolution des inondations ? Comme aux États- Unis, avec CNN, c'est sur les chaînes thématiques - telle LCI - que l'information est la plus riche et la plus vivante. Une logique interne commande l'évolution du média télévision.