Erwan Le Pipec
A l'issue d'une large désaffection au cours du XXe siècle, la langue bretonne se parle aujourd'hui selon deux grandes modalités, opposables tant par leurs caractéristiques internes que par leur assise sociolinguistique: d'une part, le breton dit « populaire », d'autre part le « néo-breton ». Pour comprendre cette situation présente, il convient de mettre en perspective trois grandes ruptures qui ont affecté la transmission de la langue. La troisième de ces ruptures est actuellement en cours et voit la substitution du néo-breton, d'origine livresque, au breton populaire, de tradition immémoriale. Ce processus entraîne des réactions et des discours passionnels, dont il convient pourtant de sortir. Une juste analyse de la situation commande en fait de redéfinir les termes de la discussion: le ‘breton populaire’ sera ainsi mieux appréhendé en tant qu'endolecte; tandis que le générique « néo-breton » doit être compris comme recouvrant une somme de réalités diverses, qui ne constituent pas forcément toutes une cassure par rapport à la langue originelle.