Michel Butor
Les « Compagnons de Lure », chaque année, tiennent leurs assises à Lurs-en- Provence pour s'entretenir de graphisme, de typographie, de mise en pages... Cette année, ils avaient invité Michel Butor pour une journée entière. Il parle. On lui pose de rares questions : les questions sont courtes, les réponses longues, percutantes. Peut-être Michel Butor va-t-il plus loin encore ; il s'explique. Complètement. Il démonte le mécanisme précis et délicat que constituent les cheminements de sa pensée et de son écriture. Comme le dira en conclusion Maximilien Vox : « Nous entendions pour la première fois le lièvre du civet prendre » la parole... » Et c'est ainsi que Michel Butor explique avec un luxe de détails son système d'écriture qui se confond avec ses recherches en typographie : « Je rêve, dit-il, de pouvoir utiliser bien mieux cet orchestre » dans lequel chaque caractère a un timbre, exactement comme un instrument de musique. A ce moment-là, des caractères nouveaux pourraient » introduire des instruments nouveaux, des sentiments nouveaux, comme » les instruments de musique le font dans l'orchestration. » Caractères, blancs, alinéas, hauteurs de pages, tout est examiné, soupesé, jugé, déterminé. Michel Butor a le sens de toutes les ressources. « Je désire, dit-il, qu'on me lise comme on peut.» Mais il ne garde pas ses secrets pour lui, il livre ses clés. Le lecteur ne lira donc pas comme il peut, le lecteur lira comme il veut. Les deux textes publiés dans ce numéro sont la reproduction fidèle des propos enregistrés que Michel Butor a tenus ce jour-là.