C'est un fait indiscutable et bien connu : l'adolescence n'est plus un état, une étape intermédiaire entre l'enfance et l'âge adulte. Dans le monde entier, et d'abord par leur nombre, les jeunes gens constituent une sorte de classe nouvelle dont le poids économique est loin d'être négligeable : les industries de l'habillement ou des loisirs le savent bien. Mais, en fait, ce groupe si important par sa masse et son poids sociologique n'est, malgré les apparences, ni homogène ni cohérent. Toute la jeunesse est-elle « pop », toute la jeunesse est-elle contestataire, toute la jeunesse lit-elle la presse underground ? Voici une étude qui montre qu'il n'en est rien : Mademoiselle Age Tendre est un mensuel qui tire à plus de 400 000 exemplaires, et son audience lui donne toute sa signification. Or l'analyse de son contenu révèle que, sous des formes sinon agressives, du moins entachées d'un certain anticonformisme, ce journal est un modèle même d'intégration sociale. Il ne présente pas une critique de la « société de consommation », il ne prêche aucune révolte, il ne fait aucun prosélytisme pour la drogue ou l'évasion. Il montre que tout est bien, que toute réussite est possible, que le bonheur n'est pas un leurre et qu'il n'y a guère que de petits problèmes d'adaptation personnelle. Chaque mois, il donne à ses lectrices une image rassurante d'elles-mêmes et de leur destin. Ce qui, bien évidemment, rassure les parents.