Les classes ouvrières du Maroc, de Bahreïn, de Jordanie et surtout d�Égypte et de Tunisie ont d�évidence participé aux soulèvements populaires du monde arabe de 2011 après avoir durant des années implicitement répudié les politiques néolibérales du « consensus de Washington ». On appréhende mieux leur rôle dans ces soulèvements à la lumière d�une combinaison d�économie politique historique et d�une version modifiée de la théorie des mouvements sociaux, adaptée aux conditions particulières des sociétés autoritaires où les insurgés n�ont accès qu�à peu de ressources ou de réseaux formels. Ils se fondent dès lors sur des réseaux informels puissants au niveau local, mais faibles au niveau national.