Jean-Yves Chérot
Dworkin propose d�apporter une réponse à la question de la discussion rationnelle sur les valeurs dans un système juridique en marquant l�inutilité d�une discussion ontologique sur la connaissance rationnelle et l�objectivité des valeurs. Il déclare donc sans intérêt de s�engager dans une discussion vis à vis des thèses qui relèvent de ce qu�il nomme un �scepticisme externe�. Seul un scepticisme interne à la morale peut être reconnu et discuté. D�un premier point de vue, il faut comprendre la distinction entre �scepticisme externe� et �scepticisme interne� comme reflétant une séparation radicale en ce qui concerne les questions morales entre la morale et l�ontologie qui permet de dénoncer l�absurdité d�un point de vue épistémologique d�une approche métaphysique et donc extérieure à la morale pour répondre aux questions d�ordre moral. Cette thèse de la séparation est cependant elle-même peut-être une doctrine métaphysique. De telle sorte que l�argument de Dworkin peut être, plus simplement, ramené à la proposition d�une approche pragmatique. Ne propose-t-il pas de comprendre les questions juridiques en tant qu�elles sont des questions morales du seul point de vue de la signification que leur donnent les acteurs du système juridique. Cette signification est nécessairement une signification d�ordre interne à la morale, s�il est vrai que les acteurs, les juges en particulier, sont engagés dans le système juridique et ne peuvent pas se placer d�un point de purement externe aux questions morales sur lesquelles ils ont à prendre parti. Le point de vue interne est le seul qui a une signification pour les acteurs. Mais on sait que même du point de vue interne, il est encore difficile, devant les divergences observées sur les questions morales de la part des juges, de fonder une solution en droit qui soit cohérente et stable. Mais comme Dworkin le dit encore, ce n�est pas parce que les juges sont en désaccord qu�il n�existe pas une solution juste et unique dans un cas donné. Le scepticisme interne doit affronter lui-même l�affirmation que l�intégrité d�un système est une réalité que le seul constat d�un désaccord en droit ne peut permettre de nier