This article traces the career of a scholarly reference point in political and administrative fields in an attempt to explain the processes that enable the use of an “idea” for political ends. It is important to study the circulation and appropriation dynamics that make a scientific concept available to political and/or administrative actors, and to understand how it can be referenced to a political issue, an advocacy, or a public policy. This case-study shows how dopamine (considered as the neurotransmitter of addictions) contributed to an important shift in French drug policies at the end of the last century.
En retraçant la carrière d’une catégorie savante dans des espaces politico-administratifs, cet article vise à rendre compte des processus et des opérations qui permettent l’utilisation d’une « idée » à des fins politiques. Il apparaît ainsi nécessaire de restituer les dynamiques de circulation et d’appropriation qui rendent disponible cette catégorie à des acteurs politiques et/ou administratifs, ainsi que de décrypter le travail de référencement qui permet d’associer le concept ou la théorie scientifique à un enjeu, une cause ou au contenu d’une politique publique. Le cas étudié ici montre comment la dopamine, considérée comme le neuromédiateur des addictions, a servi de vecteur à une importante transformation des politiques de lutte contre les drogues et la toxicomanie en France à la fin du siècle dernier.