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François Colonna D'Istria
Le savoir juridique semble en perpétuelle quête de son identité épistémologique, c'est-à-dire de la spécificité de son objet et de sa méthode. Sur le chemin de cette crise continuelle, le réalisme lui jette sans doute le plus grand défi qu'il doive affronter. Comment penser un savoir juridique autonome si le droit n'est qu'une apparence dissimulant des luttes de pouvoir traversées par des enjeux socio-économiques ? La force de séduction qu'exerce le réalisme sur la doctrine contemporaine doit donc être interrogée au titre de l'épreuve à laquelle elle soumet le savoir juridique dans sa prétention à l'autonomie. La comparaison avec l'esthétique permettra de mesurer les limites du réalisme en matière juridique : l'on constatera qu'elle a dû surmonter des difficultés de même nature dans la reconnaissance de sa spécificité. Paradoxalement, l'autonomie du savoir juridique sort renforcée par l'exemple d'une autre discipline.
