Yves Déloye
S’appuyant sur l’histoire électorale française, l’article tend à établir que l’appréhension traditionnelle de la notion de compétence politique autonomise par trop cette dernière d’autres matrices sociales, culturelles ou religieuses qui contribuent pourtant à forger l’opinion que se font les citoyens au moment des élections. Parce qu’il privilégie l’échelle des acteurs et celle des communautés locales, parce qu’il partage le souci de restituer les logiques de mobilisation et de participation électorales, et donc de retrouver les formes différenciées de politisation(s) des citoyens, le regard socio-historique favorise le renouvellement des paradigmes susceptibles de rendre compte des mécanismes de production sociale de la compétence à opiner « politiquement ». Au paradigme de la domination privilégié, on associera ici celui de la « traduction » susceptible de penser la politisation en termes d’échanges et de transferts culturels.