Aboutissement d'un long processus d'unification des différents niveaux d'enseignement, les IUFM devaient être le creuset d'une culture commune pour tous les enseignants et contribuer à la construction d'une identité dynamique, susceptible de répondre aux exigences de l'École. Les ENNA (Écoles Normales Nationales d'Apprentissages), lieux de formation des enseignants de l'enseignement professionnel, ont participé à ce mouvement d'unification et ont dû s'intégrer aux IUFM. À partir d'une enquête conduite en 1997 sur le site de l'ex-ENNA de Nantes, cet article analyse comment se restructurait localement à cette date la formation des enseignants du professionnel. Décrivant l'état d'un processus à un moment donné, il met en évidence les difficultés du deuil d'une identité communautaire ;
l'absence de principes structurants symboliquement forts ne permet pas à cette institution qui était conviviale, riche en travaux collectifs, reconnue par la hiérarchie nationale, de trouver sa place et de participer à la reconstruction d'une identité collective dynamique dans l'IUFM ; la juxtaposition d'identités brouillées interroge le modèle de formation en construction et ses évolutions possibles.