Jean-Pierre Audureau
Dans cet article l'auteur s'interroge sur l'usage possible de la pensée de Foucault dans le champ de l'éducation. Au premier abord, l'école y apparaît comme le lieu d'exercice d'un pouvoir disciplinaire qui ne semble laisser place à aucune échappatoire. Si l'évolution de la pensée de Foucault semble un effort pour dépasser ce pessimisme, elle ne conduit pas, pour autant, à un retour à une pensée du sujet comme principe inconditionnel mais plutôt à une éthique du souci de soi, actualisée dans des pratiques de soi. Il ne paraît pas impossible de rapprocher cette éthique des pratiques pédagogiques mais plus difficile d'en faire tout uniment un modèle de l'acte pédagogique. Peut-être faut-il se contenter de considérer la pensée de Foucault comme un appel à la vigilance et à l'invention. Et s'efforcer de rester attentif au problème qu'elle signale, celui de la difficulté de penser (ou d'être) un soi, une subjectivité, qui ne soit pas simplement l'effet de techniques d'assujettissement - et, a fortiori, de la difficulté à penser l'acte pédagogique comme formateur d'un tel soi.