Michel Soùtard, Renaud Hétier
La question du sens de l'éducation renvoie à celle de la finalité. Mais les finalités ne posent pas question en soi : elles sont là de fait, qu'on les veuille ou non, appelées par les mouvements de la nature, modelées par l'histoire, impulsées par les pouvoirs. La nouveauté est que ces finalités, « autrefois » maîtrisées « d'en haut » par une « fin suprême », partent désormais à la dérive du besoin social et qu'elles se dispersent dans la contradiction des intérêts particuliers. Alors renaît, sur la ruine des finalités historiques disloquées, l'aspiration vers une fin qui en finisse absolument : la « question du sens », reprise du vieux rêve métaphysique, mais désormais privée de son support ontologique. Cette fin s'interdit d'être une finalité suprême, qui serait posée quelque part dans le ciel ou sur cette terre : le finalisme est mis hors jeu. Que peut-elle être alors, si l'oeuvre d'humanité doit continuer à avoir un sens, sinon forme pure inlassablement visée au travers des finalités qui continuent à être là, ouvertes à tous les sens et les non-sens, dans l'attente que le pédagogue leur donne un sens vrai dans et par son action d'humanisation ? Dans cette contribution, Michel Soëtard s'efforce de poser des repères philosophiques, puis, s'entretenant avec Renaud Hétier, il sollicite du pédagogue le contrepoint d'une réflexion sur l'action.