Sylvain Doussot, Lucie Gomes
This article examines the relationship between the development of students’ critical historical skills and learning scientific knowledge about the past from the point of view of the teacher involved in our collaborative research. These relationships are at the root of a significant professional problem for teachers, for whom the weakness of students’ knowledge tends to hinder their development of critical skills. The theoretical framework of learning by problematisation behind the experiments that underpin this article opens the way to the reconstruction of the issue of student ignorance through the concept of an epistemological obstacle, which places the students’ already-existing knowledge derived from their experiences of the social world, at the heart of classroom activity. On this basis, the reluctance shown by the teacher during one of the experimental sequences constitutes a relevant event for interpreting the conditions of the transition from comprehensive contextualisation to school-based historical contextualisation. The article’s interpretation is based on the analysis of interactions between researchers and teachers concerning students’ oral and written productions based on a sequence on the French Revolution.
Cet article prend pour objet les rapports entre développement des compétences critiques historiennes des élèves et apprentissage de savoirs scientifiques sur le passé, du point de vue de l’enseignant avec lequel s’élaborent des expérimentations de séquences pour la recherche. Ces rapports sont à l’origine d’un problème professionnel important pour les enseignants, pour qui la faiblesse des connaissances des élèves tend à empêcher le travail des compétences critiques. Le cadre théorique de l’apprentissage par problématisation dans lequel s’inscrivent les expérimentations qui sous-tendent l’article ouvre la voie à une reconstruction de ce problème d’ignorance des élèves par le biais du concept d’obstacle épistémologique qui met au cœur de l’activité de classe le savoir déjà-là des élèves, issu de leurs expériences du monde social. Sur cette base, la réticence manifestée par l’enseignant à l’occasion d’une des séquences expérimentales constitue un événement pertinent pour interpréter les conditions du passage d’une visée encyclopédique du contexte à la contextualisation historienne scolaire. Cette interprétation menée dans l’article repose sur l’analyse des échanges entre chercheurs et enseignant à propos des productions (orales et écrites) des élèves, sur le cas d’une séquence sur la Révolution française.