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Jean-Marc Février
C’est l’histoire d’un coyote lancé à la poursuite d’un oiseau bleu au bord d’un précipice. Aveuglé par la perspective de saisir sa proie, il bascule dans le vide. Dans un éclair tardif de lucidité, il comprend qu’il va chuter. Alors, avec la frénésie du désespoir, il agite pattes et oreilles dans l’espoir de vaincre la mécanique implacable de la gravité… Bien sûr, il y a les beaux discours. Ceux, sciemment mensongers, des politiques et les autres, médiatiques notamment, répondant au besoin de rédemption d’une population qui veut croire que quelques actions symboliques, par leur cumul, suffiront à racheter le coût environnemental d’un mode de vie où la consommation est devenue une raison d’être et la preuve de l’être.
Discours d’une croissance qui pourrait être verte, d’une transition à venir, d’une possible conciliation entre l’augmentation dramatique de la population mondiale, l’appétit pour la consommation matérielle et le caractère fini des espaces et des ressources naturelles, dans un contexte social où l’essentiel de l’humanité est encore loin du standard d’un bien-être matériel minimal. Le tout dans un monde où l’instabilité climatique inéluctable au moins à moyen terme, et son cortège de tensions à venir, internes et internationales, frappant plus durement les pays pauvres, vont de pair avec une raréfaction de la ressource énergétique. Dans le même temps, la croissance de la population implique mécaniquement une augmentation de la demande. Et les énergies renouvelables ou le pétrole non conventionnel auront bien du mal à remplacer, pour des raisons physiques ou économiques, le pétrole conventionnel qui représente plus de 33 % de la consommation mondiale alors que son pic de production est derrière nous.
