For a long time, the chronology of the first years of the Barbarossa brothers Oruç and Hayr ed-Dîn’s privateering activity has not been very well known. However, it is of great importance to date their deeds as exactly as possible if one wants to put them into their historical context. In this paper I try to trace the coming out of the Barbarossas in the years 1510-1516, first in the Eastern and then in the Western Mediterranean.
We have plenty of sources, Spanish, Italian and Ottoman. They all have their bias and deficiencies, but their confrontation allows a better understanding. We possess an Ottoman document which is well known, but whose real value has not always been appreciated : the biography written on Suleiman the Magnificent’s order and known as Ġazavât-ı Hayr ed-Dîn Paşa (The Deeds of Hayr ed-Dïn Paşa). One point of this study is the confirmation of the high quality of this text as a source that should always be taken seriously. If we must not take for granted the details of this propaganda narrative written twenty years after the events, we can prove that it is more than once founded on a historical reality which it is sometimes possible to reveal by confronting it to other sources.
Lastly, we see that in spite of their activity, the two brothers for some time remained anonymous pirates for the Westerners. The affair of Gasparo di la Cavaleria’s nave, in May 1514, probably drew their attention, but it is only in May 1515 that the name Barbarossa appeared in the Diarii of Marino Sanudo. Henceforth their renown began to grow. But they made their way into History without being noticed, step by step.
On a longtemps mal connu la chronologie des premières années d’activité corsaire des frères Oruç et Hayr ed-Dîn Barberousse. Pourtant, établir aussi précisément que possible la datation de leurs faits et gestes est essentiel pour les replacer dans leur contexte historique. Le présent article s’efforce donc de suivre les débuts en mer des Barberousse, dans les années 1510-1516, d’abord au Levant, puis en Occident.
Les sources, espagnoles, italiennes et ottomanes, ne manquent pas. Chacune a ses biais et ses défauts, mais leur confrontation permet d’y voir plus clair. Un document ottoman bien connu, quoique pas toujours estimé à sa juste valeur, est la biographie commandée dans les années 1530 par Soliman-le-Magnifique et connue sous le nom de Ġazavât-ı Hayr ed-Dîn Paşa (Geste de Hayr ed-Dîn Paşa). Un des intérêts de la présente étude est de confirmer qu’il s’agit d’une source d’une qualité remarquable qu’il importe de toujours prendre au sérieux. Sans prendre au pied de la lettre ce récit de propagande rédigé vingt ans après les événements, on peut estimer qu’il a le plus souvent pour fondement une réalité historique, que le croisement avec d’autres sources permet parfois de restituer.
Enfin, on constate que malgré leur activité, les deux frères demeurèrent un certain temps des pirates anonymes pour les Occidentaux. L’affaire de la nave de Gasparo di la Cavaleria, en mai 1514, dut marquer les esprits, mais c’est en mai 1515 qu’apparaît pour la première fois le nom des Barberousse dans les Diarii de Marino Sanudo. Désormais, leur célébrité ira s’amplifiant, mais c’est furtivement, à petit pas, qu’ils étaient entrés dans l’histoire.