En 2020, la Biélorussie a connu un nouveau cycle électoral, le sixième de la carrière présidentielle d’Alexandre Loukachenko, qu’il a conduit selon le scénario habituel : tous ses opposants ont été placés en détention ou expulsés du pays. Pendant sa campagne, le président a visité des entreprises d’État et des unités militaires et a parlé de la cohésion nationale face aux menaces extérieures.
À la suite des élections du 9 août, laCommission électorale centrale a annoncé 80,1 % de suffrages en soutien au président en exercice ; plusieurs milliers de personnes sont alors descendues dans la rue pour exiger la non-reconnaissance des résultats et ont été sévèrement dispersées par la police antiémeute et arrêtées en masse. Des hommes marginalisés, des bourgeois-bohèmes et des agents d’influence occidentaux ont été accusés d’avoir organisé les émeutes. Tout cela s’était déjà produit en 2001, 2006, 2011 et partiellement en 2015, à chaque fois après quelques jours de bouleversements politiques qui se sont terminées par un nouveau quinquennat.
Mais cette fois-ci, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu ; au lieu d’accepter les résultats, les Biélorusses ont commencé à se lancer massivement et systématiquement dans diverses actions de protestation et le pays a entamé sa plus grave crise politique. En analysant la situation, on peut affirmer que ce qui se passe en Biélorussie est, avant tout, une crise de légitimité d’Alexandre Loukachenko. Afin de confirmer cette hypothèse, il faut aborder les fondements théoriques de la légitimité présidentielle en Biélorussie (I), qui montreront comment, au cours des événements de 2020, le régime de Loukachenko a perdu à la fois son socle idéologique (II) et électoral (III).