Le titre de la rencontre organisée par Mélanie Dubuy et Jochen Sohnle pouvait receler une part de provocation : n’est-il pas exagéré d’évoquer, à propos des organisations internationales, la présence de « tentations hégémoniques et isolationnistes » ? Prenant appui sur la formule bien connue de « famille des Nations Unies » le vocabulaire choisi, faisant appel à cette métaphore anthropomorphique, pour pointer « le manque progressif de confiance mutuelle entre organisations internationales » et la nécessité « de rechercher une confiance perdue » ne fait que renforcer cette impression. Les contributions réunies dans cet ouvrage avalisent cependant une telle problématique, à la fois dans sa dimension de diagnostic de la situation et dans sa tentative de dimension curative.
Mais pour approfondir ces deux dimensions, encore fallait-il mettre en perspective le contexte juridico-politique dans lequel évoluent les organisations internationales aujourd’hui. Le rapport introductif de Guillaume Devin permet d’éclairer les éléments principaux de ce contexte, qui se ramène fondamentalement à l’interdépendance accrue de la société internationale secrétant une multiplication des objets des relations internationales, à laquelle n’échappent pas les organisations internationales. Cette extension des domaines couverts par les relations internationales, et donc par les organisations internationales, s’accompagne aussi d’une porosité entre eux. En effet l’interdépendance a pour conséquence une interpénétration inévitable de ces objets de préoccupations internationales et donc de leur prise en compte par les organisations internationales…