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Perrine Lachenal
In January 2011, all over Egypt, hundreds of thousands of people demonstrated against Hosni Mubarak, questioning the legitimacy of his power. During this period, the ways in which violence was framed as legitimate or illegitimate changed, leading to radical reconfigurations of power relations and ultimately the fall of the dictator. The country-wide shift influenced – and was dialectically influenced by – individuals’ everyday experiences, relationships, and representations of the world. This article focuses on the microsocial dimension of the Egyptian revolution, investigating the scale of bodies and individuals. The crossings it discusses are discrete and often overlooked. Their analysis is nevertheless a fundamental task, one that illustrates the ordinary dimension of extraordinary periods.
Au Caire, en janvier 2011, des centaines de milliers de personnes manifestent contre Hosni Moubarak, remettant en cause la légitimité de son pouvoir. Des basculements décisifs, relatifs aux manières de dire les usages légitimes et illégitimes de la violence, s’opèrent durant cette période, permettant au rapport de force de s’inverser. Les basculements à l’échelle du pays ont travaillé – et ont été dialectiquement travaillés par – les expériences quotidiennes des individus, leurs relations ainsi que leurs représentations du monde et de son ordre. Cet article se concentre sur la dimension intime de la révolution égyptienne, à l’échelle des corps et des individus. Les franchissements dont il est ici question sont discrets, presque minuscules, mais n’en demeurent pas moins importants à analyser, témoignant de l’imbrication permanente des différents ordres sociaux et de la dimension ordinaire des périodes extraordinaires.
