Les événements de mai-juin 1968, tels qu’on continue à les nommer, participent d’une crise complexe, notamment caractérisée par la coexistence d’un « mouvement étudiant » inédit dans ses formes et la plus grande grève générale que la France ait connue. Avec, entre l’un et l’autre, de possibles circulations qui n’excluent pas la clôture, selon nous dominante.
Les albums photographiques ou expositions publiés ou organisées au rythme des anniversaires décennaux attestent de ce que les acteurs et tenants du « Mouvement de mai » ont toutefois indéniablement gagné durablement la bataille des images, sous l’espèce des affiches des Beaux-arts ou de photographies devenues, pour certaines, iconiques. Les barricades du Quartier latin et le pavé, son expression métonymique, se sont imposés pour l’image entre toutes de « 68 », à l’égal de ce qu’il advint des façades d’usines occupées ou des tandems qui s’affirmèrent, en 1936 puis durablement, pour des « images de marque de l’événement historique », propres à signifier le Front populaire sans qu’il soit besoin de légende. Sans que les grèves de 1968 ne soient parvenues à engendrer au même titre un puissant système de représentations. Cette présentation de quelques photographies, pour l’essentiel extraites du fonds des Correspondants photographes de L’Humanité déposé aux Archives départementales de la Seine-Saint-Denis (AD 93), entend attirer l’attention sur l’existence de fonds photographiques qui, pour avoir déjà donné lieu à des expositions ou ouvrages, n’en sont pas moins susceptibles d’alimenter de nouveaux travaux sur les grèves et leurs représentation…