La mémoire collective en France de la guerre d’indépendance algérienne n’a pu se réclamer ouvertement de la lignée des mémoires de conflits antérieurs que depuis les années 2000. Le cas d’un monument départemental, celui de la Vienne, érigé en 2007 à Poitiers, est révélateur à plusieurs égards de cette évolution. Outre l’esthétique du monument et ce qu’elle véhicule, ce cas permet de voir quelles ont été les négociations pendant la conception du monument, en amont et en aval de l’inauguration, en raison notamment de la confrontation entre la volonté d’inclusion (universelle) des initiateurs, et le sentiment d’exclusion (politique) des vétérans harkis. L’analyse du discours sur la mémoire de la guerre d’indépendance algérienne, fondée sur ce monument, montre que les formes mémorielles adoptées se situent à la fois dans la continuité de celles d’autres conflits mais contribuent néanmoins à renouveler les représentations des guerres du xxe siècle.