The early history of printing in Europe is one of great economic and commercial success, but also of significant risks taken by those involved. The supply of paper, essential to the functioning of a press, could cause conflicts and required constantly available capital: the profitability of the book industry depended on the growth of the market. In Venice, anyone could set up as a printer, creating competition that was strongly criticized by printers and booksellers in the late fifteenth and early sixteenth century. This prompted them to formulate the economic risks they faced in supplica addressed to the Venetian authorities, and to conceptualize the realities of their situation, especially in terms of competition. This word, always used in a pejorative sense, is nevertheless rare in both theoretical and practical documents of the time. However competitive this economic milieu was, it was counterbalanced by the necessity of collaboration, a phenomenon that can be studied through Social Network Analysis. Trust was restored through the constitution of dense collaborative networks, in which competitors became partners. Yet this also enabled some actors to establish strong consortia, leading to the kind of oligopolistic economy typical of industries without state regulation.
Le début de l’imprimerie en Europe est l’histoire non seulement d’un grand succès économique et commercial, mais aussi de risques importants pris par les individus. Le nécessaire approvisionnement en papier est l’occasion de conflits et exige une disponibilité constante en capital ; la rentabilité de l’industrie du livre est soumise à une bonne appréciation du marché de la consommation. À Venise, n’importe qui peut se lancer dans l’industrie du livre et cette concurrence est amèrement décriée par les imprimeurs à la fin du xve et au début du xvie siècle. Cette situation les conduit à formuler les risques économiques qu’ils prennent dans les suppliques de privilèges qu’ils demandent aux autorités vénitiennes et à conceptualiser des réalités de leur milieu, en particulier la concurrence. Ce terme, toujours pris dans un sens négatif, est pourtant extrêmement rare dans les documents de la pratique comme dans les textes théoriques de cette époque. Cette formalisation de la concurrence est contrebalancée par la nécessité de collaborer au sein de cette industrie. Celle-ci peut être abordée par le biais de l’analyse des réseaux sociaux. La confiance est restaurée par les collaborations dans un groupe restreint et se nouent des réseaux de collaborations denses dans lesquels les concurrents deviennent partenaires. Cela permet aussi à certains acteurs de créer autour d’eux de larges consortia, entraînant la constitution d’une économie oligopolistique, typique des industries sans réglementation étatique.