Actif à Alexandrie d’Égypte au milieu du IIe siècle av. notre ère, Agatharchide de Cnide est un des historiens les plus originaux de la période hellénistique. Son ouvrage intitulé Sur la mer Érythrée embrassait en cinq livres une géographie et une ethnographie des régions australes de la terre habitée, menée depuis le Nil et la mer Rouge, à l’époque où les Ptolémées cherchaient à contrôler les routes maritimes vers le Sud. L’auteur y développait une réflexion sur les communautés humaines les plus proches de l’état de nature, sur les rapports de l’homme à l’animal, sur les premières formes d’organisation sociale et, a contrario, sur l’exploitation par les Lagides des ressources du sol ou le raffinement de la civilisation sudarabique. Il reste de larges extraits du livre V de ce traité chez Diodore de Sicile et Strabon, ainsi que dans la Bibliothèque de Photios (cod. 250). Les pages que l’auteur a consacrées au travail dans les mines d’or du désert oriental d’Égypte comptent parmi les plus fameuses, en raison de leur intensité dramatique et de la précision technique avec laquelle sont décrites les étapes de la préparation de l’or. Dans l’Antiquité tardive et à Byzance, elles ont contribué à faire d’Agatharchide une des sources les plus anciennes de la « chrysopée », comme le montrent les emprunts à cet auteur chez les alchimistes à partir de Zosime de Panopolis. L’article évalue en particulier l’apport de la tradition alchimique à l’établissement du texte de l’historien et situe le Marcianus gr. 299 dans le stemma de la Bibliothèque de Photios