Souvent éditée et commentée depuis sa découverte en 1842, cette célèbre « loi sacrée » de l’époque de Lycurgue (ca 330 av. J.-C.) a trouvé maintenant place – avec le fragment publié en 1959 – dans le 2e fasc. des Decreta et leges du nouveau corpus attique (2012), dû à Stephen Lambert (IG II 3 1, 447). Le texte donné là doit cependant être amendé sur quelques points essentiels pour une juste compréhension des clauses relatives à la double kréanomia de la fête annuelle. On montre en particulier que l’inscription ne faisait pas mention – contrairement à ce qu’a laissé croire une restitution introduite en 1871 au mépris de la gravure stoichédon – des deux sacrifices préliminaires (tas duo [thusias]), mais des deux brebis (tas duo [arnas]) qu’un rituel ancien imposait d’immoler, l’une à l’entrée de l’Acropole, l’autre dans l’édifice composite dit « Ancien Temple » (= Érechtheion), puis de découper en un nombre déterminé de portions collectives à répartir entre les autorités de la cité et divers groupes de processionnaires officiels. Mais c’est le grand sacrifice des bovidés achetés – en nombre aussi élevé que possible – grâce aux revenus provenant de la mise en location du territoire désigné sous le nom de Hè Néa (identifiable à tout ou partie de l’Oropie) qui constitue l’objet principal de ce décret du Peuple. Or, là aussi, il convient de faire justice d’une restitution centenaire qui a égaré tous les éditeurs, commentateurs et historiens. Car la distribution des viandes entre les dèmes n’était pas effectuée, au Céramique, en fonction du nombre des participants de chacun d’eux à la procession, mais en vertu du principe politique qu’était la représentation proportionnelle des dèmes au Conseil des Cinq-Cents : ainsi est réhabilitée une conjecture tombée prématurément dans l’oubli depuis plus d’un siècle et demi (car trop audacieuse à l’époque où elle fut formulée par J.L. Ussing). Enfin, compte tenu de la date précise que des indices convergents permettent d’attribuer désormais à ce document, soit l’année 335/4, on suggère de retrouver à la fin du décret une formule relative à l’envoi ponctuel d’une ambassade sacrée (theôria) : il se serait agi de faire connaître au jeune roi de Macédoine le nouveau règlement, afin de lui montrer comment les revenus provenant de l’Oropie – territoire accordé par lui à Athènes en 335 – avaient permis de subvenir aux dépenses de l’hécatombe annuelle des Panathénées. Le fait est que, l’année suivante, Alexandre tint à consacrer à Athéna Polias, juste avant la célébration de la fête, 300 panoplies prises sur les Perses à la bataille du Granique (printemps 334). Dans un appendice consacré à un dossier exactement contemporain de celui des Petites Panathénées sont réexaminés les trois décrets votés en l’honneur de Phyleus d’Oinoé et de ses acolytes (maintenant IG II3, 1, 327). Tirant parti de la restitution récemment acquise (par A. P. Matthaiou, puis par S. Lambert) qui fait de ce magistrat élu un grammateus chargé de donner lecture des actes publics devant le Conseil et le Peuple (cf. Arist. A.P. LIV 4) - au lieu d’être tenu, depuis Koehler, pour un hiéropoios -, on met en évidence pourquoi les trois (et non pas deux seulement démotes d’Oinoè honorés avec Phyleus ne sauraient avoir été ses assesseurs en tant que secrétaires associés (sun[grammateis]), comme l’a cru le récent éditeur : originaires du même dème que lui, ils étaient simplement ses plus proches collègues (sun[archontes dèmotai]) au sein de la Boulè. À eux quatre, en effet, ils formaient la délégation normale à laquelle ce dème d’importance moyenne avait droit, alors, au Conseil des Cinq-Cents. Enfin, c’est dans l’histoire mouvementée de l’année 335 qu’il convient de rechercher le principal motif des honneurs inattendus conférés au quatuor d’Oinoè.