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Bakary Djieba, Aliou Gaye, Youssouf Mbargane Guissé, Oumar Sow
L’intérêt porté aux migrations féminines est récent. Le poids des femmes dans les migrations a toujours été minimisé. Ce constat est à mettre en rapport avec la prise de conscience grandissante de l’importance des mutations en cours dans la société sénégalaise notamment dans l’effritement des valeurs patriarcales en vigueur dans le pays. Les interférences culturelles nées de la migration ont contribué un tant soit peu à la remise en cause des valeurs traditionnelles d’une société exclusivement patriarcale. De ce fait la migration particulièrement internationale constitue un facteur primordial dans l’explication de ces changements. Dans un contexte de crise qui perdure, les hommes incitent les femmes à travailler autant au Sénégal qu’à l’extérieur. Cette situation permet d’atténuer le désarroi des ménages supportés financièrement par les hommes jusqu’à une période récente. Cette incitation participe d’une stratégie de survie et de amélioration socio-économique des conditions de vie des ménages dont l’alternative la plus utilisée est la migration. Lorsqu’elles ne partent pas, elles participent activement à l’organisation du départ de leur mari ou enfant. Elles sont souvent en amont en aval du Système migratoire dans la mesure où elles développent des stratégies pour appuyer le départ. En même temps elles occupent de plus en plus une place centrale dans la gestion des effets de retour (transferts de fonds, de biens matériels, plus de responsabilités dans le ménage, etc.). Ces impacts constituent un des éléments explicatifs de la redistribution des rôles au sein des ménages tout comme l’élargissement des pouvoirs des migrantes actives. Comme dans bien d’autres pays subsahariens, la migration internationale des femmes s’affirme comme la nouvelle piste de recherche à privilégier au Sénégal.
