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Évelyne Pisier, Pierre Bouretz
The study of Camus's critique of Marxism might seem of limited interest today. It is not a major part of his work and shows many weaknesses and contradictions. But it attempted to be radical in that it was a critique not only of its excesses or deviations but of a historicism which perverted Marxian theory itself. Such a theoretical critique, which went beyond moral indignation, convinced Camus of the necessity of an antitotalitarian commitment. He refused to compromise in the name of some historical necessity or backwardness of a gelatinous society. In that sense, this study could clarify other aspects of Camus's work and challenge certain preconceived ideas on his being a « fine soul » condemned to inaction. Camus chose ethics against pollues rather than to reflect on their consubstantiality.
L'étude de la critique du marxisme à laquelle, en son temps, procède Camus peut paraître aujourd'hui d'un intérêt limité : elle occupe peu de place dans son œuvre et présente bien des faiblesses et des contradictions. Mais elle se veut radicale au sens où il s'agit non pas d'une critique des excès ou des déviations mais d'un historicisme qui pervertit la théorie marxienne elle-même. Une telle critique théorique, au-delà de l'indignation morale, convainc Camus de l'urgence d'un engagement antitotalitaire : il refuse, en effet, de transiger au nom d'une quelconque nécessité de l'histoire ou d'une quelconque arriération de société gélatineuse... En ce sens, cette étude est susceptible d'éclairer d'autres aspects de l'œuvre de Camus et de bousculer quelques idées reçues à l'égard d'une « belle âme » condamnée à l'inaction : Camus a moins choisi la morale contre la politique qu'il n'a tenté de penser leur consubstantialité.
