La controverse entre Leo Strauss et Alexandre Kojève autour des questions de l’essence de l’Homme, de la Nature, de l’Être et de la « fin de l’Histoire » laisse apparaître la portée essentiellement critique de l’entreprise de Strauss : l’ambition systématique des philosophes modernes n’a pas abouti à régler définitivement les questions fondamentales, la « querelle des anciens et des modernes » peut et doit être rouverte en philosophie. Face aux objections de Strauss, Kojève échoue à montrer que l’anthropologie héritée de Hegel et de Heidegger rend pleinement compte de l’essence de l’homme, en particulier de son caractère irrationnel, de même qu’il échoue à remplacer la dialectique hégélienne de la nature par une théorie des phénomènes articulée à son anthropologie athée et acosmique. On fait usage d’un important matériel inédit et en partie inconnu jusqu’ici provenant du Fonds Kojève (Bibliothèque nationale de France) et des Leo Strauss Papers (The University of Chicago Library).