What is the relevance of the judicial model as a means to conceive of the nature of historical truth? That model takes two different but complementary forms. The former understands historical truth by analogy with the factual truth the investigating judge discovers by way of a critical analysis of testimonies and evidence. The latter likens it to the shared truth that results from the deliberative confrontation of the rival narratives presented in court. In opposition to this twofold model, two claims are defended in this paper. First, history cannot eschew a properly scientific purpose, which does not reduce to the ascription of responsibility. Secondly, the contrast between the epistemic and ascriptive dimensions does not boil down to a mere division of professional practices: if the historians may be led to ascribe responsibilities by resorting to historical methods and knowledge, it is not by doing so that they engage into a search for a historical kind of truth.
Quelle est la pertinence du modèle judiciaire pour penser le statut de la vérité historique? Ce modèle prend deux formes distinctes mais complémentaires. La première conçoit cette vérité par analogie avec la vérité factuelle que le juge d’instruction découvre à travers l’analyse critique des témoignages et des indices. La seconde l’assimile à la vérité partagée qui émane de la confrontation délibérative des récits concurrents devant le tribunal. Contre ce double modèle judiciaire, deux thèses sont défendues. D’abord, l’histoire ne saurait renoncer à une visée proprement scientifique, qui ne se confond pas avec l’imputation de responsabilités. Ensuite, l’hétérogénéité des visées de connaissance et d’imputation ne renvoie pas simplement à un partage entre pratiques professionnelles: si l’historien peut être amené à assigner des responsabilités en mobilisant méthodes ou connaissances historiques, ce n’est pas par cette activité qu’il poursuit une vérité de type historique.