Cet article propose d�étudier les relations entre la circulation des idées républicaines, les expériences raciales et la condition des matelots subalternes de la marine de guerre dans le contexte post-abolitionniste du début de la République, à travers l�analyse de la plus importante mutinerie de marins qui a eu lieu au Brésil : la révolte de 1910 contre les châtiments corporels à Rio de Janeiro. Le texte discute, dans un premier temps, le processus de racialisation au Brésil à la lumière des deux plus profondes transformations de la fin du XIXe siècle : l�abolition de l�esclavage (1888) et la proclamation de la République (1889). Dans un deuxième temps, l�article démontre comment les jeunes rebelles de 1910, en majorité Noirs, métis et originaires du nord et du nord-est du pays � régions considérées comme périphériques et « en retard » � ont construit leur mouvement en s�appuyant sur une identité commune : celle de marins et citoyens républicains. Cette identité se montrait incompatible avec les pratiques et les héritages esclavagistes toujours présents dans la société brésilienne, et en particulier dans la marine.