With the rise of the Front National, the unearthing of hotbeds of Jihadism and polemics around whether there is social, or even ethnic, apartheid in certain districts, France has, since the January 2015 terrorist attacks, seen an increased level of debate on the existence of social ghettos and the sociology of the individuals who might live in them. And yet, as Bernard Aubry and Michèle Tribalat show here, there are very few reliable figures on which to build an argument one way or another, particularly regarding the origins of the population groups concerned. And the traditional indicators, supposing that they exist and are backed up correctly by the demographic surveys, are not necessarily the most pertinent for observing the sociological evolution of a population in a particular territory and its potential segregation. Drawing on a recent analysis carried out in the USA, Aubry and Tribalat show the relevance and importance of so-called neighbourhood segregation indicators that make it possible to assess the concentration of populations (on a socioprofessional or communal basis) much more subtly and in very precise geographical detail. Using old data available in France, they explain how these kinds of indicators could be developed in that country and what information they would be capable of providing. At the same time, they deprecate the scant interest shown in this by the official statistical institutes, if not indeed their hostility to it. This is an impasse which is, to say the least, deplorable, since whatever the positions defended by the various parties to the debates cited above, they need to be supported by precise data, as it is only on the basis of such data that appropriate political responses can be proposed.
Montée du Front national, mise au jour de foyers djihadistes, polémiques quant à la réalité d’un apartheid social voire ethnique dans certains quartiers : les débats se multiplient en France, depuis les attentats de janvier 2015, sur l’existence de zones de relégation sociale et la sociologie des individus qui y vivraient. Pour autant, comme le montrent ici Bernard Aubry et Michèle Tribalat, il y a peu de chiffres valables sur lesquels s’appuyer pour argumenter dans un sens ou dans l’autre, notamment s’agissant de l’origine des populations concernées. Et les indicateurs traditionnels, à supposer qu’ils existent et soient correctement renseignés par les enquêtes démographiques, ne sont pas forcément les plus pertinents pour observer l’évolution sociologique d’une population sur un territoire donné et son éventuelle ségrégation. S’appuyant sur une analyse récente menée aux États-Unis, les auteurs montrent l’intérêt et la pertinence d’indicateurs dits de ségrégation de voisinage qui permettent d’apprécier de manière beaucoup plus fine la ségrégation des populations (entre-soi socioprofessionnel, communautaire...) à des échelles géographiques elles-mêmes très précises. Partant de données anciennes disponibles en France, ils expliquent comment ce type d’indicateurs pourrait être élaboré en France et ce qu’il serait susceptible de renseigner, tout en déplorant le peu d’intérêt manifesté par les instituts officiels de statistique, sinon leur mauvaise volonté. Une situation de blocage pour le moins déplorable car quelle que soit la position défendue par les parties aux débats évoqués plus haut, elle nécessite d’être étayée par des données précises, les seules à partir desquelles pourront ensuite être proposées des réponses politiques adaptées.