Entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et le début de la période de paix, près de deux millions de femmes allemandes sont violées par les soldats de l'Armée Rouge. Au sein de la zone d'occupation soviétique puis de la RDA, la chape de silence qui s'abat sur les victimes se fait particulièrement forte du fait du nouveau contexte politique. Cependant, lors des entretiens thérapeutiques menés dans le cadre de séjour en psychiatrie ou en psychothérapie, certaines de ces femmes évoquent ce sujet sensible et douloureux, dix à vingt ans après les faits. À partir d'un corpus de dossiers psychiatriques et psychothérapeutiques, qui gardent la trace de cette prise de parole, il s'agit de se pencher sur les expériences de ces femmes, qui s'inscrivent dans des contextes multiples et des temporalités non linéaires, ainsi que sur le regard qui est posé sur elle.