Diverses recherches convergent de longue date pour souligner que, quel que soit leur niveau d’information et d’intérêt pour la politique, tous les citoyens disposent de savoirs et d’instruments d’évaluation suffisants pour faire des choix politiques et, en particulier, pour voter. Si l’observation confirme cette hypothèse, les cognitions ne peuvent pourtant pas pour autant être considérées comme équivalentes. Elles s’accompagnent chez certains d’un sentiment d’incompréhension et d’incompétence face aux situations politiques. Le fait de voter ne garantit pas non plus que tous les citoyens sont en mesure de porter un jugement critique sur les décisions des gouvernants. Indépendamment des ressources cognitives de chacun, les dispositions à l’auto-habilitation ou à l’auto-déshabilitation gouvernent les pouvoirs que les citoyens s’accordent ou s’interdisent pour exercer les droits de contrôle que la théorie démocratique « officielle » reconnaît à chacun.