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A. Kian-Thiebaut
This paper rejects the notion of a sharp distinction between the Muslim and Western Worlds and of the incompatibility between Islam and modernity by looking at the fundamental social and demographic changes that have occurred in Muslim societies due to their modernization. It highlights the impact of change on the lives of women, and the appropriation by the latter of the behavior and values of world modernity, despite religious precepts. In front of those-be it state authorities or their Islamic opponents-who use Islam in order to justify discrimination between sexes and to sustain the patriarchal system and male domination, women refuse to accept any divine justifications for human action, and turn to the same religion to challenge gendered social relations and claim their full citizenship rights. The protest movements of women, who have become important political stakes, are contributing to the emergence of a democratic system, whose prerequisite is the separation between the religious and the political spheres.
Cet article réfute une distinction catégorique entre les mondes musulman et occidental et l’incompatibilité entre l’islam et la modernité à travers un aperçu des changements fondamentaux (sociaux et démographiques) survenus dans les sociétés de tradition musulmane du fait de leur modernisation. Il souligne l’impact du changement sur la vie des femmes et la réappropriation par elles des comportements et valeurs de la modernité mondiale, en dépit des préceptes religieux. Face à ceux (tant les États que leurs oppositions islamistes) qui instrumentalisent l’islam pour justifier les discriminations sexuelles et conforter la logique patriarcale et la domination masculine, les femmes refusent les justifications divines de l’action humaine et se nourrissent de la même religion pour contester les rapports sociaux de sexe et revendiquer leurs droits à la citoyenneté. Les mouvements revendicatifs des femmes devenues enjeux politiques contribuent à l’avènement d’un système démocratique qui a pour condition préalable la séparation des sphères religieuse et politique.
