Le développement du syndicalisme judiciaire en France ne peut être interprété uniquement sous l'angle de la défense d'intérêts corporatistes ou comme la conséquence d'une évolution socio-économique de la magistrature. De fait, les syndicats judiciaires ont mis dès leur origine la réflexion sur l'identité du corps au c�ur de leur action. Ces organisations sont donc analysées ici comme des entreprises de production de modèles identitaires et comme des appareils de socialisation à ces modèles. Le succès de mouvements comme le Syndicat de la magistrature ou l'Association professionnelle de la magistrature a tenu à leur capacité à fournir des référents identitaires et des espaces de sociabilité alternatifs face à une institution conservatrice et/ou à un pouvoir politique hostile.