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Cette présentation relève le caractère fortement critique des contributions rassemblées dans ce dossier à la mémoire de Michel Villey, réintroducteur du jusnaturalisme thomiste dans la philosophie du droit, en France. Or, on note que, la même année, 1973, où ce dernier donnait une nouvelle édition de La formation de la pensée juridique moderne , Friedrich A. Hayek, de son côté, publiait Rules and Order , le premier volume de Law, Legislation and Liberty, une trilogie considérée comme la Bible du néolibéralisme, où il faisait l'analyse des fondements intellectuels d'un droit et d'une législation conçus dans et pour ce qu'il appelle « une société d'hommes libres ». On trouvera, dans ces pages introductives, les éléments d'un dialogue imaginaire entre les deux auteurs sur des thèmes qu'ils abordent l'un et l'autre, notamment ceux des sources de la philosophie du droit et de l'État, leur condamnation commune de l'utilitarisme, le rôle qu'ils attribuent à la raison dans le développement du droit moderne, l'usage qu'ils font de concepts novateurs tirés de la culture grecque antique, leur conception du juste et de l'équitable aux antipodes de ce qu'on nomme « justice sociale », d'un « ordre » qui échappe à la connaissance humaine, l'idée profonde que le droit n'est pas extérieur aux relations humaines, mais un système de règles de comportement au c�ur même de la relation entre les hommes. Mais, au fond, Villey, contrairement à Hayek, n'aborde pas la complexité du monde contemporain à laquelle ce dernier s'est efforcé de répondre en bâtissant une théorie cohérente et pragmatique du droit et de l'État. Au-delà de la complexité, c'est l'approche épistémologique qui, en vérité, sépare radicalement les deux Maîtres.
