Le système dual n'en est pas à sa première crise. Les déséquilibres sur le marché de l'apprentissage sont en effet un phénomène inhérent à son fonctionnement et ne l'ont d'ailleurs pas empêché de rester la principale voie de formation après l'école obligatoire, qui draine encore près de 70 % des 16-19 ans.
Il semble pourtant que la double crise conjoncturelle à laquelle il est actuellement confronté - déficit de demande par les jeunes au début des années 90, puis déficit d'offre de la part des entreprises depuis le milieu de la décennie - recouvre de véritables problèmes structurels : perte d'attractivité face à la concurrence des formations générales longues, baisse de l'engagement des entreprises sous l'influence des nouveaux modes de gestion, enfin remise en cause du Beruf, pivot conceptuel et institutionnel du système. La discussion est vive, mais n'a encore débouché sur aucune mesure ouvrant véritablement des perspectives nouvelles. Les partenaires sociaux, sans lesquels rien ne peut être entrepris, car ils sont cogestionnaires du système, déclarent vouloir le sauvegarder. Mais les dossiers essentiels, l'assouplissement des règlements de formation initiale et la construction d'un système cohérent de formation continue, sont devenus des enjeux dans le débat sur la dérégulation. Un compromis sera donc difficile à trouver.