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En France, après les émeutes de 1982 dans les banlieues lyonnaises, le gouvernement met en place une nouvelle politique de jeunesse : l'espace sportif devient un lieu consensuel où policiers et travailleurs sociaux, porteurs d'identités professionnelles distinctes, interviennent dans la prise en charge de la jeunesse en utilisant le sport comme moyen de socialisation. Notre premier travail a consisté à étudier les stratégies éducatives de ces professionnels : les policiers, par le biais des activités sportives, développent un modèle de socialisation de type hétéronome. Chez les travailleurs sociaux, il existe un décalage entre leurs discours et leurs pratiques. En effet, leurs discours mettent en exergue un modèle de socialisation de type autonome alors que l'analyse de leurs pratiques met en évidence une dimension idéologique totalitaire.
Notre recherche, centrée sur une approche longitudinale, concerne l'influence que ces interventions, s'appuyant sur la pratique sportive, ont sur la socialisation des jeunes au travers d'un indicateur : le développement moral. 100 jeunes garçons de 11 à 18 ans, pratiquant des Activités Physiques et Sportives avec les intervenants étudiés précédemment (50 avec les policiers, 50 avec les travailleurs sociaux), ont effectué des historiettes de situations sportives évaluant la conscience morale. Ce test a été passé en début d'activité et 10 mois plus tard. L'analyse statistique des résultats met en évidence que, quelles que soient les stratégies éducatives valorisées et l'âge des jeunes, ces derniers ont un niveau de développement moral inférieur dans le post-test. Ces résultats s'avèrent contraires aux croyances dans les vertus socialisatrices du sport et nous interrogent quant à la crédibilité des politiques de socialisation de la jeunesse en difficulté.
