La littérature et le droit sont en France deux citadelles académiques qui n'ont pas l'habitude de communiquer. Cela est regrettable et peu conforme à l'histoire commune des deux disciplines. À l'origine des cultures indo-européennes, droit et littérature sont une seule et même chose , dans l'histoire littéraire de la France, ils font route commune pendant mille ans et ne divorcent qu'au XIXe siècle , c'est sans doute parce que l'histoire littéraire débute précisément à ce moment-là que ce divorce lui a toujours paru chose naturelle. Or ce que l'enquête diachronique expose si clairement, l'examen des deux poétiques le confirme : droit et littérature ont en commun de mobiliser les " puissances du langage " et de produire de grands effets " illocutionnaires ". En cristallisant dans l'écriture l'expérience humaine, ils l'ordonnent et lui donnent un sens élevé. Ils participent tous deux de la fonction humanisante du langage.