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Je suis né le 26 mai 1924 à Montagnieu, à six kilomètres de La-Tour-du-Pin. Mon père était transporteur. Il avait un petit camion, un Chevrolet, et il ramassait le lait tous les matins. Au début, il a travaillé seul et puis après il a pris son frère cadet avec lui. Ma mère, elle, avait un café en location à Marlieu. Je suis allé à l’école primaire à Montagnieu, je faisais un kilomètre et demi, matin et soir. En 1936, l’année du certificat d’études, on m’a mis dans un établissement privé à La-Tour-du-Pin, l’école Saint-Bruno, parce que, paraît-il, il n’y avait plus de place à l’école publique. Après le certificat d’études, je suis resté à Saint-Bruno pour faire ce qu’on appelait, je crois, l’école primaire supérieure ou quelque chose comme ça. Et puis la guerre est arrivée et la défaite.
Je me rappelle une chose qui m’a beaucoup marqué quand les Allemands sont arrivés à La-Tour-du-Pin. Ils n’y sont pas restés, ils sont repartis, mais en juin 40, ils étaient sur la grande avenue qui va au Parc des sports. Il y avait une colonne de blindés à la queue leu leu sur un kilomètre et sur le premier char, le char de commandement, il y avait un casque français, comme une sorte de trophée. Ça m’avait choqué, je peux même dire que ça m’avait fait mal, car ce casque, il y avait quand même un Français qui l’avait porté, mort ou peut-être prisonnier. Et, là j’anticipe un peu, quand je suis rentré en Allemagne avec les Américains, j’ai fait la même chose, j’ai fixé un casque allemand sur mon véhicule…
