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La mémoire courte de l'Internet

Analyse sémiodiscursive du déni de la Shoah

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MICHAEL RINN

L'analyse des discours négationnistes sur Internet peut s'articuler à travers trois constats : d'abord, les concepts traditionnels régulant la vie en société sont aujourd'hui tiraillés entre revendications identitaires et quête de liberté individuelle, entre globalisation des rapports humains et sentiment de déracinement culturel. L'exemple du déni de la Shoah montre comment chacun paraît dorénavant libre de se forger sa propre Weltbild sans nécessairement emprunter aux méthodes de rationalisation objective. Cette constatation rappelle que l'Internet favorise la fragmentation du savoir établi, portant atteinte à la crédibilité des institutions scientifiques.

Cela conduit à un autre constat : le concept de transparence communicative qui régit la société de l'information trouve ses racines dans la Shoah. Les cybernéticiens du Massachusetts Institute of Technology rassemblés autour de Harald Wiener, émigré autrichien, ont multiplié leurs recherches en apprenant la nouvelle des déportations des Juifs vers la Pologne en 1942. Leur idée était de mettre en rapport l'ensemble des acteurs sociaux afin d'éviter la politique de secret et de stratification sociale caractéristiques des régimes totalitaires. Philippe Breton soutient dans son ouvrage consacré à l'histoire des nouvelles technologies de communication que « la promotion de la transparence plutôt que d'un contenu nous oriente vers la voie de la compréhension du lien intime, profond, quasi structurel, qui s'établit entre la possibilité du meurtre en secret et l'obsession moderne, dont les médias ne sont qu'une conséquence, d'une transparence absolue » l. Or force est

communication & langages - n° 147 - Mars 2006